samedi 15 août 2015

Les quartiers de gare du Centre Essonne-Seine-Orge : attractifs et structurants


Le Centre Essonne-Seine-Orge (CESO), territoire localisé au nord-est de l’Essonne, comprend 31 gares, situées sur les lignes C et D du RER (Le CESO, territoire d'intérêt métropolitain). En 2009, les quartiers de ces gares rassemblent 257 700 personnes, soit près de la moitié de la population du CESO (45 %) (Tableau 1). La population de ces quartiers s’échelonne de 500 habitants pour le Plessis-Chenet (commune du Coudray-Montceaux) à 20 300 habitants pour Grigny-Centre (Sources, définitions et méthode). Globalement, cette population a augmenté à un rythme plus rapide entre 1999 et 2009 que dans le reste du CESO (en moyenne + 0,9 % par an contre + 0,6 %).

  
Tableau 1 - Les quartiers de gare concentrent près de la moitié de la population et des emplois du CESO
 

 

Plus de jeunes et de personnes seules autour des gares

La population des quartiers de gare est relativement jeune : dans ces quartiers, le rapport entre la population de moins de 18 ans et celle de 65 ans ou plus est plus élevé que dans le reste du CESO (2,3 contre 2,1)

(Figure 2). Dans certains quartiers très urbains, un habitant sur deux a moins de 30 ans. Ces jeunes sont d’ailleurs plus souvent des enfants que des jeunes adultes, excepté à Evry-Courcouronnes Centre, du fait de la présence d’étudiants et de jeunes actifs. La taille des ménages est sensiblement identique dans les quartiers de gare et dans le reste du CESO (respectivement 2,5 et 2,6 personnes par ménage). La part des personnes vivant seules est toutefois plus élevée autour des gares, alors que les familles s’installent plutôt loin des gares. Ces personnes seules sont souvent jeunes, un tiers d’entre elles a moins de 40 ans, contre un quart hors des quartiers de gare.

 


Des logements plus petits et davantage suroccupés près des gares

Le peuplement de ces quartiers est fortement lié à l’habitat, plus souvent collectif, petit et ancien que dans le reste du territoire. Ainsi, l’habitat collectif concerne près de sept logements sur dix près des gares, tandis que dans les quartiers plus éloignés, six ménages sur dix habitent dans un pavillon. La proportion de studios est deux fois plus importante (8 % contre 4 %) et les logements de 5 pièces ou plus moins fréquents (25 % contre 38 %). Toutefois, bien que les personnes seules soient relativement nombreuses dans ces quartiers, la part des logements en situation de suroccupation y est nettement plus importante que dans le reste du CESO (22 % contre 9 %).
La suroccupation des logements est un phénomène souvent observé dans les centres anciens, comme le sont certains quartiers de gare. C’est d’ailleurs dans les quartiers de gare de Corbeil-Essonnes et de Juvisy que la part des logements construits avant 1949 est la plus élevée (32 % et 27 %). La présence d’un parc locatif important, et notamment du parc social, influe également sur le peuplement des quartiers. Seul un ménage sur deux est propriétaire de son logement, contre deux sur trois dans le reste du CESO. Globalement, les locataires se partagent entre le parc privé et le parc HLM (23 % et 24 % des ménages).
 

Une population aussi active qu’ailleurs mais plus touchée par le chômage

Dans les quartiers de gare comme dans le reste du CESO ou dans l’ensemble de l’Ile-de-France, environ trois habitants sur quatre âgés de 15 à 64 ans sont des actifs. Ils sont plus ou moins nombreux dans certains quartiers selon la proportion d’étudiants ou de retraités dans la population. La répartition de ces actifs entre ceux qui ont un emploi et les chômeurs est également très variable, en fonction du niveau de diplôme de ces actifs et de la part des jeunes dans la population. En moyenne, 11,5 % des actifs sont au chômage dans les quartiers de gare, soit 2,6 points de plus que dans le reste du territoire. Globalement, dans le CESO, la part des cadres est plus faible que la moyenne départementale, au profit des ouvriers et surtout des employés. Cette situation est encore plus marquée dans les quartiers de gare (16 % de cadres contre 53 % d’employés et d’ouvriers).
 

Les quartiers de gare attirent les nouveaux arrivants

Les quartiers de gare du CESO accueillent une proportion un peu plus importante de nouveaux habitants que les autres secteurs du territoire : 28 % des habitants y ont emménagé au cours des 5 dernières années contre 23 % dans le reste du CESO. Les quartiers d’Evry-Courcouronnes Centre, Grigny Centre, Arpajon et Juvisy, les plus peuplés, ont accueilli à eux seuls un tiers de la nouvelle population des quartiers de gare. Dans certains quartiers, la mobilité résidentielle est très importante : la moitié de la population a emménagé depuis moins de 5 ans à La Norville-Saint-Germain-lès-Arpajon ou au Coudray-Montceaux, où un nouveau quartier d’habitation de 600 logements a vu le jour. A Juvisy et Arpajon, cette part approche les 40 %. L’attractivité résidentielle des quartiers de gare peut être corrélée avec la construction de logements, plus dynamique dans ces quartiers que dans le reste du CESO : 54 % des logements construits dans le CESO entre 2007 et 2012 l’ont été dans les quartiers de gare.
 

Un tiers des nouveaux habitants en provenance du CESO

Les nouveaux habitants des quartiers de gare proviennent en nombre du CESO (Carte 1). Cependant, ils sont moins nombreux en proportion à être issus de ce territoire que les migrants hors quartiers de gare (35 % contre 42 %). Paris et sa petite couronne constituent globalement la deuxième origine géographique des nouveaux habitants, que ce soit dans les quartiers de gare (21 %) ou en dehors de ces quartiers (20 %). Plus précisément, parmi ces quatre départements, celui du Val-de-Marne est, dans les deux cas, le premier fournisseur de migrants (8 %). Paris alimente un peu plus les quartiers de gare (6 % des entrants) que le reste du CESO (4 %). La raison en est simple : ces ex-Parisiens, très souvent actifs en emploi et travaillant à Paris, choisissent de s’installer près d’une gare. Enfin, la part des nouveaux arrivants issus de la province est significative (17 %) et plus importante que dans le reste du CESO (14 %).


Carte 1- Les nouveaux habitants des quartiers de gare viennent en premier lieu du CESO


 

Davantage de personnes seules et de jeunes parmi les entrants

La mobilité résidentielle, quel que soit le territoire observé, a lieu principalement au cours des deux premières décennies de la vie adulte, en lien avec les études, l’emploi ou la constitution d’une famille. Elle s’observe également plus tard lors du départ à la retraite. Les nouveaux arrivants dans les quartiers de gare sont donc jeunes : 57 % ont entre 20 et 39 ans, contre 24 % des stables. Ils sont aussi beaucoup plus souvent actifs, qu’ils aient un emploi ou non : 70 % des migrants sont dans ce cas, contre 50 % parmi les stables (Graphique 1). L’écart entre les deux proportions dépasse même 25 points à Sainte-Geneviève-des-Bois, Viry-Chatillon ou Juvisy. A l’inverse, migrants et stables ont des taux d’activité très proches à Evry-Courcouronnes Centre ou Orangis-Bois-de-l’Epine.


Graphique 1 - Plus d'actifs et moins de retraités parmi les nouveaux habitants des quartiers de gare


 
Parmi les migrants actifs, la présence des cadres est un peu moins affirmée dans les quartiers de gare (16 % contre 18 % dans le reste du CESO), tandis que celle des ouvriers l’est un peu plus (19 % contre 17 %). Les chômeurs sont également un peu plus nombreux dans les quartiers de gare, pour les entrants comme pour les stables.
Compte tenu de la relative jeunesse des migrants, les retraités y sont nettement moins représentés (4 % des entrants contre 20 % des stables). Les étudiants ne représentent que 2 % des migrants adultes, mais 15 % dans le quartier d’Evry-Courcouronnes Centre, où sont implantées l’Université Evry-Val d’Essonne ainsi que des écoles d’ingénieurs et de commerce.
 

Le secteur public, premier employeur dans les quartiers de gare

Fin 2011, les quartiers de gare du CESO comptent 12 900 établissements qui emploient 84 100 salariés. Ils concentrent 40 % des établissements et 43 % des emplois du CESO. Ils offrent en moyenne deux emplois pour trois actifs résidant dans ces quartiers, un peu moins que dans le reste du CESO. Le premier quartier en nombre d’emplois est de loin Evry-Courcouronnes Centre (22 400 salariés), suivi du Bras-de-Fer Evry-Génopole, Arpajon et Corbeil-Essonnes (environ 5 500 chacun), puis Evry Val-de-Seine (4 000). Ces quartiers, ainsi que Viry-Chatillon et Orangis-Bois-de-l’Epine, constituent des pôles d’emploi locaux, le rapport entre le nombre d’emplois et le nombre d’actifs résidents y étant supérieur à la moyenne.
Avec 38 600 emplois, le secteur public, comprenant l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale, est le premier employeur des quartiers de gare, qui sont pour la plupart des quartiers de centre-ville
(Graphique 2). Ces emplois représentent 46 % de l’ensemble des emplois des quartiers de gare et 60 % des emplois publics du CESO. L’emploi public est surreprésenté dans le quartier d’Evry-Courcouronnes Centre (15 000 emplois) du fait de la présence de l’hôtel du Département de l’Essonne et du siège départemental de la Caisse primaire d’assurance maladie. Loin derrière se trouvent Arpajon, avec l’établissement public de santé Barthélémy Durand (1 400) et le centre hospitalier général (900), Corbeil-Essonnes, puis Grigny-Centre, Athis-Mons et Juvisy-sur-Orge. Dans ces quartiers, le premier employeur public est la commune ou un centre hospitalier, sauf à Athis-Mons (Centre en route de la navigation aérienne Nord avec près de 1 000 emplois).


Graphique 2 - Le secteur public concentre près de la moitié des emplois dans les quartiers de gare


 
 

Le commerce représente seulement 10 % des emplois

Après le secteur public, le deuxième secteur au sein des quartiers est celui du commerce, regroupant le commerce de gros et de détail, ainsi que le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles (8 700 emplois). Cependant, avec seulement 10 % des emplois, son poids est plus faible que dans le reste du CESO (19 %). Dans les quartiers de gare, il s’agit le plus souvent de petits commerces de proximité, les grands centres commerciaux en étant plutôt éloignés. L'exception notable à cette règle est Evry-Courcouronnes Centre (1 400 salariés dont Carrefour). Six quartiers emploient environ 500 salariés dans ce secteur : Arpajon (Egly Distribution), Juvisy-sur-Orge (petits commerces), Moulin-Galant, sur la commune de Corbeil-Essonnes (Carrefour), La Norville-Saint-Germain, Villabé (Castorama) et Savigny-sur-Orge (France Telecom).
 

Deux secteurs plus secondaires : l’industrie et la construction

Malgré la présence de quelques entreprises de rang national, l’industrie et la construction sont des activités plus secondaires dans les quartiers de gare. La première emploie 18 800 personnes dans le CESO, dont 7 800 dans les quartiers de gare, principalement Le Bras-de-Fer Evry-Génopole (uniquement la Snecma, 2 900) et Le Plessis-Chenet (Altis semiconductor, 900). Quant à la construction, avec 13 900 salariés dans le CESO dont 5 400 dans les quartiers de gare, elle est surtout présente à Viry-Chatillon (groupe Fayat, 1 000 emplois).
 

Un actif sur deux des quartiers de gare travaille dans le CESO

Les actifs occupés habitant dans les quartiers de gare travaillent pour près de la moitié dans le CESO (47 %), comme ceux de l’ensemble du CESO
(Carte 2). Paris est la deuxième destination des actifs des quartiers de gare. Les actifs travaillant à Paris sont plus représentés dans les quartiers de gare (18 %) que dans le reste du CESO (14 %). A l’inverse, les actifs travaillant dans le périmètre de l'établissement public Paris-Saclay sont moins représentés dans les quartiers de gare (9 %) que dans le reste du CESO (12 %). Le choix de résidence semble bien être influencé par la présence de la gare et de son offre de transport.


Carte 2- Le CESO est la première destination des actifs en emploi résidant dans les quartiers de gare
 

 
 

Des déplacements différenciés selon les lignes de RER

Les habitants des quartiers de gare du RER D situés à l’est du CESO, et en particulier ceux les plus au sud, travaillent en plus grande proportion dans le CESO que ceux des quartiers de gare du RER C. Par exemple, dans le quartier de la gare de Ballancourt-sur- Essonne, deux actifs sur trois ont leur emploi dans le CESO. L’est du territoire est en effet davantage polarisé par les emplois d’Evry et de Corbeil-Essonnes.
Les actifs en emploi des quartiers de gare du RER C sont, quant à eux, plus nombreux à se rendre à Paris pour travailler que ceux de la ligne du RER D, à l’exception de ceux résidant à Grigny-Centre, plus au nord. C’est le cas en particulier des habitants des gares du nord du CESO et celles du sud de l’Arpajonnais, de la branche Saint-Martin d’Etampes. Ainsi, 27 % des actifs en emploi résidant dans le quartier de la gare de Juvisy et 24 % de ceux du quartier de la gare de Bouray (commune de Lardy) travaillent à Paris.
Les actifs en emploi des quartiers de gare du RER C sont aussi plus nombreux à se rendre à Paris-Saclay, du fait de la proximité géographique de ce territoire. Cela concerne les gares de l’Arpajonnais, notamment de la branche Dourdan (Breuillet Bruyères-le-Châtel), ainsi que celles du Val d’Orge (Sainte-Geneviève-des-Bois).
Le mode de transport dominant dépend fortement de la destination de travail : la voiture est utilisée en grande majorité par les habitants travaillant dans le CESO (70 %) ou à Paris-Saclay (84 %) tandis que les transports en commun sont largement utilisés à destination de Paris (70 %).
 

Près des gares, plus d’un tiers des résidents utilise les transports en commun

Les habitants des quartiers de gare utilisent davantage les transports en commun pour se rendre au travail que ceux du reste du CESO (35 % contre 24 %). La part modale de la marche à pied y est également un peu plus importante (6 % contre 4 %).
L’utilisation des transports en commun est disparate au sein des quartiers de gare du CESO. Elle est particulièrement élevée dans la partie nord du CESO. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées : l’offre y est plus abondante (Savigny-sur-Orge et Juvisy-sur-Orge) et les populations sont plus dépendantes des transports en commun dans certains quartiers de gare du fait de revenus modestes et d’un taux de motorisation plus faible (Grigny ou Evry, par exemple). De plus, les lieux de travail de ces habitants sont accessibles par les transports en commun. A l’inverse, dans la partie sud du CESO, l’offre en transports en commun est moins abondante, les besoins de déplacement plus locaux et les actifs privilégient la voiture pour se rendre au travail (Villabé, 74 %; Le Coudray-Montceaux, 73 %). Il s’agit pour l’essentiel des gares du RER D.
L’utilisation des transports collectifs n’est toutefois pas seulement corrélée à l’offre de transport, mais aussi au lieu de travail et éventuellement à d’autres facteurs encore. La gare de Corbeil-Essonnes est la deuxième gare la plus importante du CESO en termes de trafic (81 trains dans les deux sens aux heures de pointe du matin entre 6h et 10h), cependant les habitants de ce quartier n’utilisent pas davantage que la moyenne les transports collectifs, train et bus confondus, pour leurs déplacements professionnels (36 %) sans doute en raison de la proximité géographique de leur lieu de travail (Corbeil-Essonnes, Evry ou Lisses). Ils utilisent plus souvent la voiture, probablement du fait d’une offre en transports en commun peu adaptée et d’un relief plus prononcé. Malgré un trafic plus limité dans certaines gares comme Bouray et Lardy (21 trains seulement aux heures de pointe du matin entre 6h et 10h), les résidents de ces quartiers utilisent les transports en commun dans les mêmes proportions que ceux du quartier de gare de Corbeil-Essonnes (37 %). Cela s’explique par le fait que près d’un actif sur quatre de ces quartiers travaille à Paris.

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