samedi 15 août 2015

Friches urbaines et logistique urbaine


Friches urbaines et logistique urbaine

                                                                                                                               

À la croisée de l’aménagement et des transports


Il y a friche et friche...
 
Le terme friche provient du monde agraire, où il désignait la terre non cultivée dans un cycle de jachère. La friche évoque, en milieu urbain, l’abandon, la non utilisation ou la sous-utilisation, voire une utilisation à titre transitoire, dans l’attente d’une nouvelle occupation. La réhabilitation des friches urbaines est une opportunité de recomposition et de dynamisation sociale, culturelle et économique des centres-villes, qui rejaillit sur l’attractivité de l’ensemble de l’agglomération concernée.
Les friches résultent du déclin industriel et de la délocalisation d’activités, de la transformation des infrastructures, de la concurrence entre les utilisations du foncier -habitation, activité économique, activité non lucrative- . La friche peut-être industrielle, artisanale, commerciale, tertiaire, culturelle, militaire, religieuse, ferroviaire, portuaire : ancienne halle, ancien musée, ancienne caserne, ancienne usine, bureaux récemment bâtis, mais en trop grand nombre, donc vacants. Elle peut être située en périphérie urbaine (terrains jamais bâtis, mais non cultivés) ou à l’intérieur du tissu bâti urbain (terrains antérieurement bâtis, mais avec un bâti démoli ou tombant en ruine).
 
Étalement urbain et apparition des friches urbaines : un paradoxe
 
Les friches industrielles sont le plus souvent intra-urbaines, la plupart des sites industriels, situés auparavant en périphérie de la ville, se retrouvant, du fait de l’extension urbaine, au cœur du tissu urbain. Il y a donc paradoxalement un étalement urbain croissant (caractérisé par une importante consommation de sol, de forts impacts environnementaux et des coûts d’infrastructures élevés) et l’apparition simultanée de friches urbaines, qui présentent à l’inverse certains points positifs, étant raccordées aux réseaux existants et situées à proximité des transports publics et souvent dans des endroits stratégiques.
Les friches diffèrent par leur taille (en Europe, au minimum un demi-ha), leur âge, leur degré de désaffectation, mais leur point commun est de ne pas susciter d’intérêt pour le marché foncier et donc attirer spontanément de nouvelles activités. Les friches font ainsi l’objet de politiques publiques visant à leur mise en valeur et à leur reconversion, avec le souci d’une dynamique de projet visant à faire émerger un quartier durable. Avant même tout projet d’aménagement, certaines actions réparatrices sont parfois nécessaires, comme dans le cas de friches polluées, un thème qui a été retenu dans le cadre des Investissements d’avenir et qui a donné lieu à une récente publication.
 
Une opportunité pour le transport de marchandises...
 
Les friches industrielles représentent un atout majeur pour la logistique urbaine. L’absence de foncier disponible à des prix abordables est, en effet, unanimement présentée comme un obstacle majeur au développement d’une logistique urbaine efficace et optimisée. La demande de qualité environnementale des villes centres ne peut que continuer à croître et les réglementations dans ce domaine sont de plus en plus exigeantes, notamment en matière de qualité de l’air. Si les friches sont proches d’infrastructures ferroviaires ou de voies d’eau navigables, on peut envisager d’y créer des plates formes logistiques permettant ensuite un « éclatement » du transport de marchandises vers des véhicules propres et de petite taille, adaptés au milieu urbain et une mutualisation des livraisons.
Le Predit soutient des travaux de recherche sur les espaces logistiques urbains (ELU), notamment à Bordeaux et à Monaco, mais aussi à La Rochelle, avec la plateforme ELCIDIS, implantée sur un ancien site de la société Sernam, spécialisée dans le transport express de colis et de palettes. Les friches urbaines pourraient également être transformées en aires de livraison et de stockage des véhicules neufs ou des véhicules de location, si à terme, l’interdiction, souvent évoquée, de la circulation des camions porte-autos dans les centres-villes était décidée, ou encore en aires de stockage des matériaux de construction, permettant d’éviter aux véhicules très lourds de pénétrer en ville pour assurer l’approvisionnement des chantiers urbains.
Il conviendrait, dans ce cas, de comparer les nuisances engendrées par un certain nombre de petits véhicules avec celles qui sont produites par un seul gros camion.
 
…mais aussi pour le transport de voyageurs
 
Les friches peuvent aussi être exploitées pour favoriser l’inter modalité, ainsi que pour développer de nouveaux modes de transport, plus ou moins encore à l’état de niches, mais qui sont appelés à se développer : vélo, véhicules en libre service, marche à pied (qui nécessite des qualités d’aménagement consommatrices d’espace), sans oublier les besoins des personnes à mobilité réduite qui seront de plus en plus nombreuses.
Sur ces sujets, le Predit, dont le secrétariat permanent est placé auprès de la DRI, a soutenu et continue à soutenir différentes recherches, en liaison avec la mission transports de cette direction :
  • Expérimentation et développement de ces nouveaux modes de transport dans les zones denses (Predit 2 et 3 entre 1996 et 2007)
  • Accompagnement des précurseurs en matière de stations de véhicules partagés (voitures, vélos) : Liselec à La Rochelle, Praxitele à Saint-Quentin-en-Yvelines, Caisse Commune à Paris pour les voitures, « Vélo à la Carte » à Rennes.
  • Développement de la qualité des pôles d’échanges et de l’attractivité de leurs services
  • Etudes sur les parcs relais, parkings pour véhicules utilisés en covoiturage : en milieu urbain, pour garer les véhicules qui transportent plusieurs personnes (parcours terminal) ; en milieu périurbain, pour garer les véhicules des personnes qui ont accompli seules la première partie de leurs trajets (zones de « rabattement »). Le Predit 4 en cours privilégie le péri-urbain et les zones de faible densité. Le projet : « Développer une infrastructure de covoiturage ? ». porte ainsi sur l’opportunité de cette solution et sur la définition des spécifications d’une organisation fonctionnelle et spatiale en vue d’une expérimentation d’un système de covoiturage en Île-de-France.
  • Recherches sur les Dépôts de tramways, de métros et centres bus, espaces nécessaires au fonctionnement des réseaux de transports collectifs de voyageurs, pour éviter de longs trajets à vide et réduire les nuisances sonores liées à cette activité, si la géographie de la friche est favorable.

http://www.developpement-durable.gouv.fr/Friches-urbaines-et-logistique.html

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