Auteurs : Yann Caenen, Insee Ile-de-France
Jérémy Courel, IAU-îdF
Christelle Paulo, STIF
Denise Schmitt, DRIEA
Jérémy Courel, IAU-îdF
Christelle Paulo, STIF
Denise Schmitt, DRIEA
En Ile-de-France, les déplacements à
destination du travail pèsent davantage dans l’ensemble des déplacements des
actifs qu’en province. Hors retour au domicile, ils représentent ainsi
52 % du temps passé à se déplacer un jour de semaine et 53 % des
distances parcourues, contre respectivement 37 % et 40 % en province
(Graphique 1).
(Graphique 1).
Graphique 1 - Les
déplacements vers le lieu de travail pèsent davantage dans la mobilité
quotidienne en Ile-de-France qu'en province
Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
Trajet
domicile-travail : 34 minutes en Ile-de-France, 19 minutes en province
Avec 34 minutes en moyenne par jour, les
Franciliens mettent près de deux fois plus de temps pour aller travailler que
les provinciaux, que ces derniers habitent dans les grandes agglomérations ou
dans l’espace à dominante rurale (Tableau). Pour autant, la
distance moyenne qui sépare le domicile du lieu de travail est sensiblement la
même en Ile-de-France (10,7 km) qu’en province (11,1 km).
Tableau - En Ile-de-France, un actif met
en moyenne 34 minutes pour aller travailler, contre 19 minutes en province
En province, 77 % des actifs mettent
moins d’une demi-heure pour se rendre au travail, contre 45 % en
Ile-de-France. De plus, 19 % effectuent plus d’une heure de trajet, contre
seulement 4 % des provinciaux. Les durées plus longues des déplacements
domicile-travail en Ile-de-France pèsent ainsi sur l’emploi du temps des actifs
et laissent moins de place à la réalisation d’autres activités (visites,
loisirs, achats...) durant la semaine.
Des temps de trajet
assez proches entre Parisiens et autres Franciliens
Habiter en petite et, plus encore, en
grande couronne, implique de parcourir des distances plus importantes,
notamment pour aller travailler. Ainsi, lorsqu’ils résident en grande couronne,
les actifs parcourent en moyenne plus du double de kilomètres que les actifs
parisiens pour se rendre à leur lieu de travail (14,6 km contre 6,6 km).
Toutefois, la durée moyenne des trajets
domicile-travail varie peu au sein de l’Ile-de-France. Si les Parisiens mettent
en moyenne 31 minutes à se rendre à leur lieu de travail, les actifs de petite
et de grande couronne mettent respectivement 33 et 36 minutes.
Plus on s’éloigne de Paris, plus les
situations extrêmes deviennent fréquentes
(Graphique 2). Ainsi, la grande couronne compte à la fois la plus grande proportion d’actifs habitant à plus d’une heure de leur travail (24 % contre 8 % à Paris) et celle d’actifs habitant à moins d’un quart d’heure (21 % contre 11 % à Paris).
(Graphique 2). Ainsi, la grande couronne compte à la fois la plus grande proportion d’actifs habitant à plus d’une heure de leur travail (24 % contre 8 % à Paris) et celle d’actifs habitant à moins d’un quart d’heure (21 % contre 11 % à Paris).
Graphique 2 - En
Ile-de-France, 32 % des actifs passent plus de 45 minutes à rejoindre leur
travail, contre 9 % en province

Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
Les Franciliens
utilisent autant les transports en commun que la voiture...
Les Franciliens utilisent en moyenne
autant la voiture (43 %) pour les trajets domicile- travail que les
transports en commun (TC) (42 %). A Paris, la densité et la fréquence de
l’offre incitent la grande majorité des actifs (64 %) à utiliser les TC
pour se rendre à leur lieu de travail, alors que seulement 13 % se
déplacent en voiture et 14 % à pied (Graphique 3).
Graphique 3 - Les
habitants de la grande couronne utilisent trois fois plus les transports en
commun que ceux des grandes agglomérations de province
Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
En petite couronne, ils utilisent
principalement les TC (45 %). Néanmoins, 38 % d’entre eux (trois fois
plus qu’à Paris) prennent leur voiture. La part des actifs qui se rendent à
pied à leur travail est très proche en petite couronne (12 %) et à Paris
(14 %).
En grande couronne, trois actifs sur cinq
effectuent le trajet domicile-travail en voiture. Seuls 29 % empruntent
les TC. Le recours plus fréquent à la voiture s’explique par une plus faible
densité de l’offre en TC, notamment pour certaines liaisons de banlieue à
banlieue, et, plus généralement, par une plus grande dispersion des lieux
d’activités (achats, école, garderie...). Cet éparpillement rend difficile la
mise en place de lignes de TC performantes et favorise l’usage de la voiture.
Parmi les Franciliens qui se rendent au
travail en TC, la plupart utilisent les modes collectifs ferrés. La préférence
des Parisiens va au métro (71 %), aux RER et train (20 %). En petite
couronne, 53 % des usagers des TC prennent le RER ou le train, 28 %
le métro et 16 % le bus. En grande couronne, plus de 90 % des actifs
usagers des TC empruntent le réseau ferré. Le bus est plutôt utilisé pour des
déplacements de banlieue à banlieue.
Les personnes recourant à plusieurs modes
successifs sont très peu nombreuses. En France, elles
représentent 2,7 % des actifs. Ce type de déplacements est un peu moins
marginal en Ile-de-France, surtout en grande couronne, qu’en province. Ce sont
ainsi 4,3 % des actifs franciliens et jusqu’à près de 7 % des actifs de
grande couronne qui utilisent plusieurs modes pour aller travailler, contre
seulement 2,3 % des actifs de province. La plupart du temps, il s’agit de
rejoindre les TC en voiture.
… tandis que 80 %
des actifs de province vont travailler en voiture
En province, quatre actifs sur cinq se
rendent à leur travail en voiture, presque deux fois plus qu’en Ile-de-France.
Ce recours à la voiture augmente encore en dehors des grandes agglomérations.
Ainsi, dans ces grandes agglomérations de
province, seuls 10 % des actifs vont-ils quotidiennement travailler en TC,
contre 29 % en grande couronne et 45 % en petite couronne.
Le niveau de congestion routière, plus
faible aux abords des grandes agglomérations de province qu’à proximité de
Paris, et l’offre de TC globalement moins performante en province qu’en
Ile-de-France peuvent expliquer la nette préférence des provinciaux pour la
voiture.
Les Franciliens
fidèles à leur mode de transport
En Ile-de-France, plus de 60 % des
actifs interrogés pensent avoir la possibilité de se rendre à leur lieu de
travail au moyen d’un autre mode de transport que celui utilisé habituellement,
contre 40 % en province. Cette différence s’explique surtout par la
présence d’une offre de TC plus importante. Celle-ci conduit un plus grand
nombre d’automobilistes ou de motocyclistes à considérer qu’ils disposent d’une
alternative. Ainsi, en Ile-de-France, 64 % des usagers de la voiture
déclarent pouvoir utiliser d’autres moyens de transports, contre seulement
36 % en province. Toutefois, parmi eux, moins d’un Francilien sur cinq et
seulement 14 % des provinciaux font appel à cette alternative, même
occasionnellement.
Les raisons les plus fréquemment invoquées
par les Franciliens pour expliquer cet attachement à leur mode de transport
habituel sont liées au temps de trajet : s’ils en changeaient, ce dernier
serait plus long (35 %), les horaires moins bien adaptés (9 %), ou le
temps de parcours plus irrégulier (5 %). Viennent ensuite les questions de
confort, citées dans 20 % des cas. Les raisons de confort et de temps sont
plus souvent évoquées lorsque le mode habituel est la voiture. Le troisième
type d’argument cité est d’ordre économique. Ainsi, un usager des TC sur cinq
déclare que changer de mode de transport régulier lui reviendrait plus cher,
alors que cette raison n’est presque jamais citée par les automobilistes
(2 %) (Graphique 4).
Graphique 4 - 37 %
des automobilistes et 33 % des usagers des transports en commun
considèrent qu'utiliser un autre mode leur ferait perdre du temps
Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
La polarisation de
l’emploi favorise l’usage des transports en commun
Les cadres et les employés franciliens
(59 % des actifs de la région) utilisent principalement les TC pour aller
travailler. L’usage de la voiture prédomine dans toutes les autres catégories
socioprofessionnelles (CSP)( Graphique 5).
Graphique 5 - 83 %
des cadres de province utilisent leur voiture pour aller travailler, contre
40 % pour les cadres franciliens
Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
Les emplois de cadres ou d’employés sont
le plus souvent situés au centre de l’agglomération (Paris, La Défense,
Boulogne- Billancourt, Issy-les-Moulineaux, préfectures des départements de
petite couronne…) ou dans des pôles situés en périphérie, mais dotés d’une
bonne desserte en TC (villes nouvelles). Cette polarisation est mieux adaptée à
l’usage des TC. A l’inverse, les emplois et les lieux de résidence des ouvriers
sont plus dispersés et plus souvent situés en périphérie, dans des territoires
difficilement accessibles en TC .
En Ile-de-France, les cadres utilisent
plus fréquemment les deux-roues motorisés pour se rendre à leur travail qu’ailleurs
en France métropolitaine. En province, cette pratique reste très marginale,
sauf chez les ouvriers (5,4 %).
Comme en province, le trajet
domicile-travail des cadres franciliens est plus long que celui des autres CSP
: 12,2 km en moyenne (
Graphique 6). Les écarts entre CSP
sont toutefois moins importants en Ile-de-France. En province, un cadre
parcourt des distances plus longues de 70 % que celles effectuées par un
employé, alors que l’écart est à peine supérieur à 30 % en Ile-de-France.

Graphique 6 - Entre
l'Ile-de-France et la province, les distances domicile-travail sont assez
proches, mais les durées sont différentes
Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
Le temps nécessaire pour se rendre au
travail est également plus élevé pour les cadres que pour les employés. Comme
pour les distances, ces écarts restent moins importants en Ile-de-France qu’en
province (respectivement 15 % de temps supplémentaire pour les cadres par
rapport aux employés en Ile-de-France, contre 35 % en province).
Transports en commun
et marche pour les Franciliennes
Pour se rendre sur leur lieu de travail,
les Franciliennes utilisent davantage les TC (46 %) que les Franciliens
(36 %). A l’inverse, les hommes sont plus nombreux à recourir à la voiture
(47 % contre 39 %). Cette situation spécifique à l’Ile-de-France est
à rapprocher du plus faible niveau de motorisation des ménages franciliens. Lorsqu’une
seule voiture est disponible dans un ménage d’au moins deux actifs, elle est en
effet plus souvent utilisée par l'homme.
En province, les femmes utilisent
également un peu plus fréquemment les TC que les hommes (6,3 % contre
4,8 %). Toutefois, du fait du plus grand nombre de voitures disponibles au
sein des ménages, les actives sont en proportion aussi nombreuses que leurs
homologues masculins à aller travailler en voiture (81 % contre 80 %) (Graphique 7).
Graphique 7 - En
Ile-de-France, les hommes vont davantage travailler en voiture que les femmes,
lesquelles utilisent plus les transports en commun
Source : Insee - SOeS, ENTD 2008
L’utilisation régulière d’un deux-roues
motorisé est une pratique très masculine, en Ile-de-France comme en province :
87 % des personnes utilisant ce mode de transport pour se rendre à leur lieu de
travail sont des hommes. C’est également le cas, dans une moindre mesure
toutefois, pour le vélo, pratiqué à 60 % par des hommes. La marche est
plutôt une pratique féminine, plus encore en Ile-de-France qu’en province.
Des distances plus
courtes pour les femmes, mais autant de temps
En Ile-de-France comme en province, le
lieu de travail des hommes est, en général, plus éloigné du domicile que celui
des femmes. Les hommes parcourent ainsi une distance moyenne supérieure de
30 % à celle des femmes. Les femmes recherchent une certaine proximité
entre domicile et travail. En effet, elles continuent aujourd'hui à prendre en
charge la majeure partie des activités domestiques et parentales : courses,
accompagnement des enfants, etc. Pour les actives, ne pas être trop éloignées
de leur lieu de travail facilite la conciliation entre les contraintes d'ordres
professionnel et familial.
Néanmoins, cette proximité n’assure pas de
gain de temps significatif. En Ile-de-France, si les femmes travaillent plus
près de leur domicile que les hommes (9 km pour les premières, 12 km pour les
seconds), la durée de leurs déplacements domicile-travail reste aussi longue,
soit 34 minutes environ. En effet, les femmes recourent plus souvent à des
modes moins rapides (marche et TC contre voiture et deux-roues motorisés).
C’est également le cas en province, même si les femmes mettent, en moyenne,
10 % de temps en moins que les hommes pour se rendre à leur travail.
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